Le Gange est comme une bayadère qui danse en faisant tinter ses ornements et parfois de lassitude demeure muet, le regard indolent, un soupçon de sourire au coin des lèvres.
Ne me demandez pas où est la délivrance, qu’en sais-je. Je ne suis point ascète ni maître penseur. Je suis photographe demeurant tout près de la terre, à l’embarcadère de cette rive, face au flux et au reflux de la vie qui éternellement charrie ombres, lumières, mal, bien.
Le temps passe. Je reste à regarder les eaux mortes de du lac de Pushkar. Les ombres passent. Les heures en dérive battent le ressac dans les veines mourantes du jour. Et là, j’entends l’appel des immortels, là, fier de moi je relève la tête.
Carte blanche pour le peintre Bilal Hamdad dont les œuvres dialoguent avec la collection permanente du Petit Palais. 21 toiles qui mettent en lumière son « Paname » et l’histoire de l’art. Une peinture qui explore les paradoxes de notre époque et rend visible l’invisible.
Carole de Bona, « Bel Ouvrage » Collector’s Room, en co-signature avec la Galerie Anne Jacquemin-Sablon s’est installée la semaine dernière dans l’appartement de Karl Lagerfeld. Une expérience intimiste et curatoriale réunissant des œuvres d’art contemporain et des éditions rares
Le domaine de Chambord est un réservoir inépuisable de structures, de géométries et de lueurs d’ombre et de lumière. Puisse cet image mettre en marche une forme d’extase ambulatoire qui ouvre une nouvelle voie d’émerveillement.
Ils se dressent dans la plaine, immobiles, l’acier enraciné dans la terre agricole. Ils fendent le ciel, porteur de lumière dans le silence du Val de Loire, s’accrochant à la brume quand le soleil s’y noie.
Le rapport au paysage implique le temps au moins autant que l’espace. Le mouvement doit être dévié de son cours habituel pour que puisse s’épanouir le sentiment du beau : s’arrêter pour contempler.
Le bleu du ciel grec réclame toujours plus de mots. Et l’action des hommes s’épuise dans la matière, la goutte d’eau qui marque le marbre est plus perspicace que la main des bâtisseurs.
Sur cette inclinaison au plomb pesant du réel, le soleil est d’une violence sans dialogue. C’est lui qui tient prisonnier ces arbres où seules les ombres bondissantes résistent sous la lumière zénithale. Forçats émancipés par jeu de la gravitation : arbres devenus danse.
Au sommet d’Agia Moni, mon komboloï s’égrène entre mes doigts comme les heures méditerranéennes. Ici l’image sculpte une géographie sensible où chaque montagne, chaque île, chaque monastère devient chambre d’écho entre les mondes.
Les fleurs sont des squelettes effarés et pétrifiés. Mes yeux voient des insectes d’or voler et bourdonner autour de moi. Je suis vulnérable, privé de la stabilité de conscience qui me permet d’aller librement dans le monde de l’imaginaire.
À chaque apparition, elle donne tout, et c’est beaucoup. Beaucoup de boutons, beaucoup de pétales, des tons à faire pâlir les tomates, une présence qui fait passer les roses les plus nobles pour de petites choses chétives collet monté.
À travers cette clarté sonore je vois ce jeune homme, nu, debout, drapé dans sa toge. Dans cette lumière d’or que la verrière diffuse en grands rayons plongeants, il prend la pose, se cambre, avoue qu’il n’a rien à cacher.
Il a de tout petits yeux sous des paupières à demi fermées. Il est soigneusement rasé et l’on voit une cicatrice sur le bord de sa lèvre supérieure. Ses dents sont parfaites et la raison principale de ce sourire généreux qui n’a rien à cacher n’est peut-être que cela.
Il y a des sourires qui ne sont pas éternels, qui ne sont pas de marbre, je pense au sourire des faunes, des incubes, des sirènes. Ce sourire érotique qui vous cloue sur la croix du désir.
Surfeurs éperdus, tourbillon d’algues, la mer dit à la fois l’immanence et la permanence, elle est la permanence de l’immanence, et c’est pour cela qu’elle est une fête.
Entre 1874 et 1884, le peintre américain John Singer Sargent s’immisce dans la haute société parisienne. Avec un sens du mystère et de la sensualité, il saisit avec virtuosité son intimité et ses secrets, comme le montre l’exposition “Éblouir Paris”, au musée d’Orsay.
Quand je regarde la mer, je sais que je suis prêt à tout, qu’il y a en moi une flamme héroïque. Je ne veux pas être heureux, je sais que le manque qui me dévore, mugissant comme la mer, exalté comme le vent salin, ce manque ne se satisfera jamais d’aucun bonheur.
La brume matinale répond à la fenêtre de l’Adour. Le regard est arrêté par le reflet des feuillages qui virent au brun. Un sentiment d’épuisement gagne comme si, au-delà, il n’y avait rien. Pourtant, ces arbres me regardent. Que suis-je pour eux ? Une de leurs feuilles agitées par le vent.
Le musée du Luxembourg présente les peintures sur papier de Pierre Soulages. « C’est avec les brous de noix de 1947 que j’ai pu me rassembler et obéir à une sorte d’impératif intérieur. » 130 œuvres dont une trentaine inédites.