AXA, Dassault, BNP Paribas, LVMH… : le holdup du patronat aux RDV de l’Histoire » Indymedia Nantes
Quand la propagande patronale et les multinationales complices de l’armée et de la colonisation israéliennes mettent à mal le cycle sur l’économie des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois.
Les Rendez-Vous de l’Histoire ont été créés en 1998 à Blois par les équipes de Jack Lang, à l’époque maire de la ville. Ce festival d’h*istoire unique en son genre rassemble pendant cinq jours près de 45 000 personnes et près de 1000 conférenciers et conférencières. Depuis 2014, le festival est agrémenté d’un cycle sur l’économie. Si le ton résolument scientifique et pluraliste du festival est admis quand il s’agit des sciences historiques, une partie des conférences et tables rondes sur l’économie (qui reste à première vue toujours dans une perspective capitaliste) s’affranchit de la science et des habituel.les chercheur.euses des universités et du CNRS, pour laisser la place à des membres des entreprises du CAC40, des patrons, des politicien.nes, des communicants des ministères et des éditorialistes.
La France c’est… Dassault système, France industrie et Dominique Seux !
À la première table ronde, en ouverture du festival qui a pour thème cette année « la France ? », aucun historien ni économiste ! Juste Dominique Seux, éditorialiste de droite à France Inter et aux Echos (journal appartenant au milliardaire de LVMH Bernard Arnault) animant une table ronde regroupant Dorothée Rouzet, cheffe de la direction générale du Trésor Public, Adrienne Brotons de Dassault Système, le PDG Alexandre Saubot président du lobby patronal France Industrie, ainsi qu’Anne Grillo, Directrice générale de la mondialisation au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. L’ensemble résume bien l’atmosphère de la pensée dominante. Le ton est libéral et capitaliste et l’on se félicite que la France attire les capitaux sans se soucier de ceux qu’elle investit…
Des entreprises complices de la colonisation et de la destruction de la Palestine
Dassault système, dont une antenne est implantée sur des terres volées par les colons en Palestine, a été la cible d’une action du Comité Palestine de Science po Paris en septembre 2024 [ 1 ] pour dénoncer l’implication de l’entreprise dans l’approvisionnement en logiciel utilisés par de nombreux industriels d’armement israéliens (Rafael, Elbit Systems, IAI) [ 2 ] . Mais ce n’est pas tout ! A l’invitation du très libéral Cercle des économistes, la Fondation BNP Paribas pointe son nez le jeudi pour parler des “nouveaux équilibres des financements de la culture”, et le samedi, c’est Ulrike Decoene, directrice de la marque, de la communication et du développement durable chez AXA sur l’invitation de la Croix qui vient faire du greenwashing. Ces deux groupes ont été épinglés par l’Observatoire des multinationales (également invité sur une autre conférence, c’est beau le pluralisme !) pour financement de « l’expansion coloniale israélienne » [ 3 ] . Malgré une première victoire du boycott en 2024 où AXA s’est retiré des banques israéliennes et du financement du fabricant d’arme Elbit Systems [ 4 ] , le 24 Avril 2025, des militants de la CGT et de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) manifestaient encore devant l’assemblée générale d’AXA pour dénoncer la complicité du groupe dans le génocide à Gaza [ 5 ] . Quand à BNP Paribas, le groupe est assigné devant le tribunal judiciaire de Paris pour “manquement à son devoir de vigilance” [ 6 ] . Il est donc sûr que les organisateur.ices ont eu vent de ces campagnes de boycott et d’actions judiciaires. On se demande alors pourquoi ils ou elles n’ont pas choisi des interlocuteurs avec plus de moral et surtout avec plus de réflexion que celle allouée à leurs seuls intérêts.
Un entre-soi médiatique et politique sans intérêt scientifique
A l’image du perroquet libéral et sans talent des Echos déjà cité plus haut, d’autres “chiens de garde” sont présents comme le sondeur du puissant Ipsos Brice Teinturier ou encore le plus ancien de la meute, Jacques Attali. Quant aux politicien.nes, on ne parlera même pas de la présence d’Arnaud Montebourg et de ses accointances économiques et financière avec le milliardaire d’extrême droite P.-E. Stérin [ 7 ] , ni même de l’apparition de la très droitière Constance Nebbula, élu LR d’Angers et vice-présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, responsable avec la bouchère Christelle Morançais d’une saignée historique dans les budgets des associations, du sport et de la culture. Heureusement pour les RDV de l’Histoire, elle est seulement leur invité, et pas celle qui tient les cordons de la bourse. Alors on nous dira de ne pas être injuste et qu’une conférence est organisée avec la « combative » Sophie Binet de la CGT et qu’il y a aussi des sujets abordés sur l’économie solidaire, l’IA, l’hospitalité ou encore les banlieues. Mais qu’elle est le sens d’un tel assemblage ? L’impartialité de la science ce n’est pas de juxtaposer une chose puis son contraire. Nous ne pourrons la trouver que dans la recherche du bien commun et de la vérité basée sur des faits et non dans la justification des intérêts du CAC40 et de ses valets.
Quelle est la pertinence scientifique de laisser un directeur de Veolia discuter du coût de l’inaction climatique ?
Quel est le but de laisser les entreprises développer leurs éléments de langage et leurs mensonges ? Comment par exemple ne pas voir que les thématiques culturelles et patrimoniales ne sont abordées que sous les prismes du mécénat, du luxe et de la privatisation ? Quel est l’intérêt de laisser le président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), composé entre autres de membres de multinationales polluantes comme Disneyland, L’Oréal, BNP Paribas, du Crédit Agricole, Bouygues ou encore Nestlé (promis ce n’est pas une blague), développer son discours de greenwashing sur la transition écologique du monde économique ? N’avons-nous pas assez de laboratoires, d’universitaires et de chercheur.euses spécialistes des questions climatiques et environnementales ? N’avons-nous pas des historien.nes et des économistes reconnues par la communauté scientifique capables de penser à l’intérieur et en dehors de l’économie de marché ? Si la question est de développer une réflexion sur les caractéristique de la France, n’est-il pas judicieux de parler également de la sécurité sociale et des services publics pourtant indispensables à l’économie du pays ? Si l’on veut parler des défis de la France à affronter, n’y a t’il pas ceux de la répartition des richesses, de la démocratie dans les entreprises, de l’injustice climatique ou de la concentration de la propriété ? Et puis enfin et surtout, où sont les travailleurs et les travailleuses qui font tourner cette économie et qui, de leur sueur et parfois de leur sang, engraissent les PDG ?!
Si l’économie est une science elle mérite des scientifiques, pas des patrons !
Il est dommage qu’un tel évènement, réservé à la promotion des sciences humaines et sociales, à la mémoire et à la recherche de la vérité la plus juste, soit encore corrompu par des entreprises complices de génocide et l’occasion d’une telle soupe néolibérale. Car la privatisation et la marchandisation de la culture et de la science seront le tombeau de l’intégrité et de l’indépendance des chercheur.euses qui font pourtant les RDV de l’Histoire.
Bannissons les marchands de canons de nos évènements !
Rendons justice aux victimes du génocide en cours avant que les historien.nes du futur ne nous jugent. Chassons les financiers et les patrons de nos espaces scientifiques et défendons le projet d’une science indépendante, publique et accessible pour toutes et tous !
L’économie c’est nous, les travailleur.euses, les chomeur.euses, les fonctionnaires, les retraités et les syndicats. C’est la sécurité sociale et les services publiques. C’est l’école, la culture, la santé, la science et le patrimoine.
L’économie c’est la richesse de notre travail. Et ça ne tient qu’à nous de la récupérer des mains du patronat.
Le syndicat CNT – Culture Communication Spectacle de Loire-Atlantique
Pour nous contacter : [email protected]
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Notes :
[ 1 ] Action du Comité Palestine de Sciences Po Paris contre BNP Paribas, L’Oréal, Dassault Systems et Carrefour , Comité Palestine Sciences Po, UJFP , 05 Octobre 2024
[ 2 ] Guide des entreprises françaises d’armement complices d’Israël , Stuut.info , 6 Juin 2024
[ 3 ] Ces banques et sociétés d’assurances françaises qui financent l’expansion coloniale israélienne , ODM , 31 Mars 2017
[ 4 ] Communiqué de presse : les militant·es obligent AXA à se désinvestir de TOUTES les banques israéliennes et du plus grand fabricant d’armes israélien Elbit Systems , BDS France , 21 Aout 2024
[ 5 ] À Paris, les militants pro-palestiniens accusent l’assureur AXA de complicité dans le génocide à Gaza , L’Humanité , 24 Avril 2025
[ 6 ] Guerre à Gaza : BNP Paribas visée par une assignation pour « manquement à son devoir de vigilance » , le Monde , 28 Juin 2025
[ 7 ] Arnaud Montebourg, le souverainisme « transpartisan » jusqu’à l’extrême , Médiapart , 24 Juin 2024