États-Unis: le Pentagone impose de nouvelles restrictions aux médias
Par TV5MONDE AFP
Le ministère américain de la Défense demande désormais aux journalistes accrédités de faire valider par lui toute publication le concernant, classifiée ou pas. S'ils refusent, les médias risquent de perdre leur accès au Pentagone, un changement qualifié d'" attaque contre le journalisme indépendant" par une importante association de journalistes.
Le ministère américain de la Défense demande désormais aux journalistes accrédités de faire valider par lui toute publication le concernant, classifiée ou pas. S'ils refusent, les médias risquent de perdre leur accès au Pentagone, un changement qualifié d'" attaque contre le journalisme indépendant" par une importante association de journalistes. C'est une nouvelle annonce sur la restriction de la presse, une de plus de la part de l'administration Trump . Le Pentagone demande désormais aux journalistes accrédités de valider toutes les publications le concernant. Un degré supplémentaire dans la stratégie que mènent Trump et son gouvernement contre la presse traditionnelle, accusée de lui être défavorable. Les informations émanant du ministère de la Défense "doivent être approuvées pour leur publication auprès du grand public par un responsable dédié chargé des autorisations, et ce avant la publication, et même si l'information est non couverte par le secret-défense", peut-on lire dans le nouveau document. Cela semble ainsi inclure des informations collectées par les journalistes via des sources internes, en dehors des canaux de communication officiels. Le non-respect de cette règle est explicitement cité comme justification d'un retrait d'accréditation. "Assaut direct contre le journalisme" Dans la foulée de cette annonce faite vendredi 19 septembre, le National Press Club de Washington , une prestigieuse association de journalistes créé à Washington en 1908, a publié un communiqué : "Le Pentagone demande désormais aux journalistes de signer un engagement de ne pas obtenir des informations, même si non couvertes par le secret-défense, à moins que cela ait été expressément autorisé par le gouvernement." Revoir États-Unis : la liberté d'expression en question
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"Cela constitue un assaut direct contre le journalisme indépendant sur le lieu même où un regard indépendant est le plus important : l'armée américaine", ajoute le texte signé par le président de l'association, Mike Balsamo, qui demande au Pentagone de revenir sur cette exigence. Les médias concernés ont bien sur réagit à cette nouvelle attaque contre le droit d'informer. Le Washington Post , par la voix de son directeur de la rédaction Matt Muray, a réagi : " Toute tentative par le gouvernement de contrôler et de limiter l'accès à l'information va à l'encontre du premier amendement et de l'intérêt du public."
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Cette disposition "contrevient directement aux protections constitutionnelles dont bénéficie une presse libre dans une démocratie et constitue une nouvelle tentative de juguler le droit de la population à comprendre ce que fait son gouvernement" , a dénoncé à son tour le New York Times . Journalistes sous escorte Pete Hegseth, à la tête du "ministère de la Guerre", selon la dénomination souhaité par le président américain, a lui défendu vendredi une autre disposition de ce nouveau formulaire d'accréditation. Revoir Pete Hegseth au Pentagone : une nomination contestée "La presse n'est plus autorisée à se balader dans les couloirs d'une installation sécurisée. Portez votre badge et suivez les règles - ou rentrez chez vous", a-t-il écrit sur X. Pete Hegseth avait été vivement critiqué en mars pour avoir transmis un plan d'attaque militaire contre les Houthis du Yémen dans un groupe de discussion sur l'application Signal dans lequel un journaliste avait été ajouté par inadvertance.
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Dès son arrivée au Pentagone en début d'année, il avait fait retirer des bureaux de grands médias plutôt progressistes au sein du Pentagone pour les donner à des publications plus marquées à droite. Le secrétariat de la Défense représente l'un des plus importants budgets du gouvernement. Selon le New York Times , cette situation "reflète une attitude qui se fait sentir à travers toute l'administration Trump" . Le quotidien ajoute que "la Maison Blanche a, à plusieurs reprises, limité les accès de plusieurs médias en raison d'une couverture qui ne lui plaisait pas et le président Trump a poursuivi en justice plusieurs organes de presse, dont le Wall Street Journal et le New York Times" . Cette décision de l'administration Trump a également été critiquée par des membres du Congrès américain.