"Ne rien faire, c'est laisser faire": des hommes appellent à lutter contre les violences faites aux femmes
Par Terriennes Par Isabelle Mourgere
Acteurs, artistes, médecins, militants... À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, ONU Femmes France publie une tribune "Le silence des hommes doit cesser". Alors que les chiffres des violences grimpent et que les discours masculinistes gagnent du terrain, un collectif d’hommes de tous horizons appellent leurs pairs à s'investir dans cette lutte, aux côtés des femmes.
Acteurs, artistes, médecins, militants... À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, ONU Femmes France publie une tribune "Le silence des hommes doit cesser". Alors que les chiffres des violences grimpent et que les discours masculinistes gagnent du terrain, un collectif d’hommes de tous horizons appellent leurs pairs à s'investir dans cette lutte, aux côtés des femmes. "Porter la voix des victimes, c’est refuser la banalisation des violences et l’impunité. C’est appeler à une société où la dignité n’est jamais négociable." Ces mots sont ceux du fils de Gisèle Pelicot , David Pelicot. Une parole d'homme à portée plus que symbolique, un an après le procès des viols "dits de Mazan" qui a fait la Une des médias internationaux. Son nom s'inscrit aux côtés de personnalités masculines diverses, célèbres ou non, du monde de la télévision, du cinéma, du sport, des arts, comme le danseur Hugo Marchand, le médecin militant féministe Gilles Lazimi, l'acteur Bruno Solo, le chef Mory Sacko ou encore le chanteur Vianney. En quelques jours, 800 hommes ont déjà signé cette tribune. "La lutte contre ces violences concerne tous les hommes, pas seulement les victimes ou les associations féministes" , c'est ce que veut mettre en évidence la tribune d’ONU Femmes France publiée à l'occasion de ce 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Son objectif est d' appeler les hommes à s’engager aux côtés des femmes pour lutter contre les violences. Retrouvez notre dossier Au nom de Gisèle Pélicot : le procès de la culture du viol en France Des alliés pour "rompre le silence" Cette action s’inscrit dans le cadre de la campagne annuelle Orange the World, campagne internationale menée par ONU Femmes et déployée sur le territoire national par ONU Femmes France pendant 16 jours, du 25 novembre au 10 décembre, Journée internationale des droits humains. "Il est essentiel de les mobiliser comme alliés, pour qu’ils rompent le silence et contribuent concrètement à faire reculer les violences" , dit le texte ONU Femmes France. Face à l'ampleur alarmante des violences, nous avons tous un devoir d'action. C'est le cœur de l'engagement partagé, tant au sein d'ONU Femmes France qu'au Pacte mondial des Nations Unies : agir, mobiliser, transformer. Nils Pedersen, Délégué Général du Pacte Mondial - Réseau France des Nations Unies Comme le souligne Nils Pedersen, Délégué Général du Pacte Mondial - Réseau France des Nations Unies, "Face à l'ampleur alarmante des violences, nous avons tous un devoir d'action. C'est le cœur de l'engagement partagé, tant au sein d'ONU Femmes France qu'au Pacte mondial des Nations Unies : agir, mobiliser, transformer. " "Not all men, but always men" Il y a urgence, comme le montrent les chiffres. Et comme on pouvait le lire sur certaines pancartes brandies dans les rassemblements organisés en France, samedi 22 novembre, en amont de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes: "Pas tous les hommes, mais toujours des hommes". .. Toutes les 10 minutes, une femme est tuée par un proche dans le monde, selon les chiffres d'ONU Femmes de 2023. Une femme sur trois subit au cours de sa vie des violences, commises dans plus de 90 % des cas par des hommes, soit 840 millions de femmes. Dans 97 % des cas de viols et 96 % des agressions sexuelles, les auteurs sont des hommes. En France en 2023, 271 000 femmes ont été victimes de violences par leur partenaire ou ex-partenaire selon le Ministère de l'Intérieur, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. 107 femmes ont été victimes de féminicides au sein du couple en 2024, contre 96 en 2023, selon les chiffres officiels. Selon le décompte de l' organisation féministe Noustoutes, a u 23 novembre 2025, on dénombrait 152 féminicides depuis janvier. Les violences ne se limitent pas au cadre intime. L'impact des cyberviolences et du cyberharcèlement commence à peser lourd dans les statistiques. Jeunes filles et femmes sont régulièrement exposées à des contenus misogynes, à des discours masculinistes sur les réseaux sociaux. "Sur les réseaux sociaux, des discours masculinistes séduisent de plus en plus de jeunes garçons. Des influenceurs condamnés pour trafic d'êtres humains et viol cumulent des milliards de vues en vendant aux adolescents un modèle de virilité toxique déguisé en "développement personnel", lit-on dans cette tribune.
"Ne rien faire, c'est laisser faire" "Face à ce constat, la majorité des hommes désapprouve, rejette, condamne ces violences. Mais beaucoup restent en retrait. Par indifférence ou par doute : est-ce notre place? Que pouvons-nous vraiment faire? Ne risquons-nous pas de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas? - s'interrogent les signataires de cette tribune - Cette retenue laisse le champ libre aux auteurs de violence. Elle permet au sexisme ordinaire de prospérer, aux violences de se perpétuer. Ne rien faire, c'est laisser faire". Chaque homme doit avancer et marcher aux côtés de sa mère, de sa sœur, de sa compagne, de son amie… ensemble, côte à côte, en soutien. Bruno Solo, acteur "Chaque femme sur cette planète doit pouvoir bénéficier et jouir des mêmes droits que nous les hommes. Partout, en toutes circonstances, sans exception, tout le temps, jusqu’à la fin des temps ! Chaque homme doit avancer et marcher aux côtés de sa mère, de sa sœur, de sa compagne, de son amie… ensemble, côte à côte, en soutien" , estime Bruno Solo, acteur, l'un des signataires de cette tribune. Tout le monde est concerné "En tant qu’allié, il me semble essentiel de mobiliser davantage les hommes dans le combat universel que représentent le respect des droits des femmes et l’égalité", déclare de son côté Timothée Delacôte, Délégué Général de la Fondation Agir Contre l'Exclusion (FACE). "Le sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes concerne tout le monde, femmes comme hommes" , abonde de son côté Mory Sacko, Chef de restaurant étoilé. Les signataires de la tribune proposent des gestes simples que chaque homme peut intégrer dans sa vie quotidienne. Une priorité: éduquer les garçons au respect, au consentement et à l’égalité : transmettre dès le plus jeune âge des valeurs de respect mutuel et déconstruire les stéréotypes de genre. Autre axe d'action: intervenir face aux propos sexistes et comportements inacceptables, ne pas rester silencieux lorsque des paroles ou des gestes violent la dignité d’autrui, que ce soit dans la famille, au travail ou dans les cercles sociaux. Ils invitent aussi à relayer les messages de prévention et soutenir les associations féministes : partager les campagnes de sensibilisation, participer à des actions locales ou soutenir financièrement les initiatives qui œuvrent pour la protection des femmes.
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