Hâte également ! 😊

Je le vois comme une sorte de Lawrence d'Arabie, aux allures de sauveur blanc, mais qui ne sauve finalement personne : ambivalent, fragile, échouant, s'effondrant psychologiquement. Je pense que ce personnage va continuer de s'effondrer dans le 3, et peut-être se relever moins arrogant, moins idiot?

Il n'est plus vraiment "blanc" à ce moment là, il s'est transformé physiquement et mentalement en adoptant la culture, le langage, la spiritualité, le rapport à la nature du peuple colonisé. De plus, Ronal lui conteste largement son titre de Toruk Makto, critiquant donc ce trope du sauveur blanc.

Cameron n'a pas dit que le peuple natif américain aurait dû se battre plus fort, mais qu'en écrivant Avatar, il a imaginé une uchronie fictionnelle dans laquelle ce peuple aurait pu voir l'avenir, et se serait battu plus fort. Cette tragédie lui a inspiré Avatar, il ne s'agissait pas d'une critique.

Avatar, c'est le récit de la déconstruction de l'Homme occidental, par un changement de perspective (dans la peau d'un autre peuple, doté d'une autre culture). Dans le 1, il était le colon raciste que Neytiri a déconstruit, dans les suites un patriarche sexiste confronté à la mort du fils héritier.

Oui, certains spectateurs hommes pourraient le voir au 1er degré et s'y reconnaître. Ce n'est pas mon cas et je le vois plus comme un "avatar" de l'Homme pétri de ses travers et erreurs qui doit apprendre à progresser, notamment au contact des figures féminines (Neytiri, Kiri, Ronal, Eywa, etc).

Ton regard et ton analyse sont très pertinents. C'est un délicat équilibre que de montrer les valeurs patriarcales de Jake, tout en les présentant subtilement comme problématiques, tout en le laissant apprendre de ses erreurs et évoluer au contact de Neytiri et ses enfants.

Cameron n'est pas du genre à faire la morale aussi directement, mais narrativement le "patriarche" échoue à protéger son fils et est sauvé par ses enfants et surtout sa fille, connectée à une déesse. La matriarche Ronal rabaisse Jake et parle également de "sang démoniaque" pour sa descendance...

S'il veut sursauter, qu'il le fasse au bord d'une falaise... 🙄

Jake est problématique à dessein, depuis le 1er film (colonialiste, raciste, sexiste), mais Cameron ne valide pas pour autant son comportement. Il nous montre le film à travers lui parce qu'il représente nos travers humains. Avatar est un miroir qui essaie de nous apprendre quelque chose de nous.

Il y a 40 ans sortait La Couleur pourpre. Pour la 1ère fois depuis 1973, Steven Spielberg ne faisait pas appel à John Williams, mais au regretté Quincy Jones, qui écrivait alors sa plus belle partition, faite de mélodies tendres et bouleversantes et de jazz, blues et gospel fiévreux et humains.