Tôt ou tard, il faudra qu’on regarde ce problème en face. Car si seule une partie de la population s’accroche désespérément à des modèles d’un autre temps, c’est bien toute la société qui en paie le prix.

Les décennies passent, et on continue à traiter cette réalité comme un “problème parmi d’autres”. Comme si ce n’était pas un moteur central des tensions de notre époque. Comme si ce n’était pas la clé qui expliquerait tant de choses.

Et pourtant, qui paie l’addition de cette masculinité ? Les femmes, qui portent le poids des inégalités. Les minorités, qui subissent le rejet et la violence. La planète, sacrifiée sur l’autel de la rentabilité.

Ce sont eux qui s’accrochent aux modèles d’hier et freinent les avancées sociales. Ce sont eux qui se suicident le plus, qui refusent d’aller en thérapie, qui méprisent l’empathie, l’émotion, la vulnérabilité.

Ce n’est pas qu’une question de vote. Ce sont eux qui possèdent la quasi-totalité des richesses, qui dirigent les conseils d’administration, les médias, la politique. Ce sont eux qui, en majorité, agressent, harcèlent, violent et tuent.

Et ils réagissent. Ils votent contre les droits des femmes, contre l’accueil des exilés, contre l’écologie, contre tout ce qui remet en cause leur place au sommet de la hiérarchie.

Les hommes sont socialisés dans la domination. Ils grandissent avec l’idée qu’ils ont droit au pouvoir, à l’espace, à la parole. Alors quand le monde change, quand la diversité s’impose, quand l’égalité progresse, beaucoup d’entre eux ne voient pas une évolution, mais une menace.

On parle souvent des “fractures” de la société : économique, géographique, culturelle. Mais il y en a une autre, plus profonde, plus transversale. Une fracture de genre. Et elle est au cœur de toutes les crises que nous traversons.

Un symptôme. Un schéma que l’on retrouve en France, en Italie, aux États-Unis, en Espagne… Partout où l’extrême droite progresse, elle trouve ses électeurs les plus fidèles chez les hommes.

Comme si le multiculturalisme si cher à la France était soudain une menace pour son identité. L’histoire nous a démontré que cette rhétorique menait systématiquement au pire de l’humanité.

Le nazisme a été introduit par la même mécanique que celle utilisée par Bayrou dans cette interview. La légitimation du rejet de l’autre, l’appel à la pureté de notre race, culture, société... "Les étrangers c'est bien mais à petit dose"… puis à pas de dose du tout.

Le seul référendum valable c’est « Dois-je démissionner ? Oui/Non ». Qu’on en finisse.

On rappelle que tout comme Roussel sa carrière aurait dû s’arrêter après ça.

Assister à ce triste spectacle est insupportable pour quiconque est un minimum éveillé, conscient. À force de trop négliger la lutte antifasciste, la masse finira elle aussi par se rendre complice…

Nous vivons dans un véritable cauchemar où les mêmes discours xénophobes et nationalistes - soutenus par les mêmes puissances économiques, industrielles, médiatiques - gagnent les esprits et les démocraties un siècle plus tard.

"Si le fascisme a le vent en poupe, soit, finançons le, permettons lui d’exister pour en tirer un maximum de bénéfices." C’est cette même compromission, cette même rhétorique, qui ont donné les moyens aux nazis de plonger l’Europe dans ses heures les plus sombres.

N’oubliez jamais que les géants de ce monde, les grands capitalistes, préféreront toujours Hitler au Front Populaire. Qu’ils n’ont aucune morale ni aucune autre boussole politique que celle de leurs intérêts économiques.