Plus le temps passe, plus mes épaules s'affaissent sous le poids des jeunes mortes, et moins je le supporte.

Une salope qui laisse la pourriture prospérer et qui détruit tout ce qui pourrait la rendre supportable. Les miettes de grâce et les taches de soleil finissent toujours par se transformer en bouillie sur un trottoir, en poupée pendue ou en statue fondue dans le carrelage d'une salle de bains.

Mais c'était oublier un peu trop vite combien la vie était une salope.

Ouais, j'ai l'esprit mesquin mais merde : c'est quand même fou, toutes ces petites meufs qui n'ont même pas 30 ans qui débordent de talent et qui osent être belles par-dessus le marché. C'est futile et crétin, mais ça m'émeut connement, les jolis êtres humains.

Je me lève et je pense à toutes ces filles. Maïa. Samantha. Zoé. Evie. Mikayla. Pourtant, en dehors de Maïa, on ne se connaissait pas. J'étais juste une spectatrice anonyme, admirant leur fougue, leur énergie, leur intelligence, leur créativité et leur beauté, tour à tour énamourée et envieuse.

La tête incapable de rester sur l’oreiller jonché des ordures qui dégoulinent des poubelles de ma mémoire, les jambes parcourues de chocs électriques, le bassin qui s'agite, les os qui semblent vouloir quitter la peau. Le toucher rêche et l'odeur fraîche des draps fraîchement changés m'irrite.

L'explosion de larmes et de morve ferait reculer la lame, les cris libéreraient mon œsophage tourmenté et je pourrais enfin respirer. Mais le Prozac me réussit trop bien. Je pleure moins, mais cette pointe, putain... Les nuits sont sans fin.

Oh my ! It's gorgeous ! Thank you so much !